Le petit déjeuner philosophique
«La Philosophie est opérationnelle dans un
monde vieillissant »
Dans son ouvrage intitulé Le Capitale Karl Marx fait la remarque
selon laquelle la philosophie est une activité amorphe qui verse dans les
spéculations et les interprétations, une activité non opérationnelle dans ce
monde qui évolue. Voilà pourquoi il affirme : « Jusqu’ici les philosophes
n’ont fait que interpréter le monde de diverses manier ; il s’agit de le
transformer. » Un tel point de vue semble contraster avec celui d’un
penseur qui laisse croire que la philosophie est opérationnelle dans ce monde. Il affirme : « la
philosophie est opérationnelle dans un monde vieillissant.» De ces deux points
de vue contradictoires découle le problème de l’exercice philosophique ou l’opérationnalité
de la philosophie dans l’évolution du monde. Dès lors, comment est ce que la philosophie est opérationnelle
dans ce monde qui vieillit? Est-il possible de parler d’une inopérationalité de
la philosophie dans ce monde évoluant? En dernière analyse, la philosophie
n’est-elle pas à la fois inerte et opérationnelle ?
L’idée de l’opérationnalité de la
philosophie dans ce monde vieillissant et évoluant doit son argumentation à des penseurs comme Karl Marx et sa vision
opérationnelle de la philosophie dans la lutte des classes et à des penseurs
comme Towa Marcien et la philosophie comme instrument de développement et aide à l’acquisition d’un secret et Platon avec sa
mission pédagogique du philosophe. Tels sont les arguments à développer dans la
thèse.
Soutenir l’idée selon laquelle la
philosophie est opérationnelle dans un monde vieillissant, revient à admettre qu’elle se manifeste du point de
vue marxiste dans la révolution précisément dans le processus de la lutte des
classes. La philosophie, dans ce contexte, est en marche de toute éternité dans
ce monde qui évolue parce qu’elle est un instrument de la révolution. Par
celle-ci, elle s’opérationnalise du point de vue concret et pratique. Car,
le monde de par sa vieillesse, est le
fruit d’une incessante succession de révolution au point où la nous pouvons affirmer
que la philosophie n’est opérationnelle que dans et par la révolution. A ce
titre, Marx affirme :
« l’histoire de l’humanité n’a été jusqu’ici l’histoire de la lutte des
classes »
En sus, la philosophie est également opérationnelle
dans ce monde en raison de sa mission non seulement pédagogique et didactique,
mais aussi surtout développementale come le souligne très bien le philosophe
camerounais Marcien Towa. Ainsi, la mission de la philosophie est double ;
elle est pédagogique et développementale car depuis que le monde existe, la
philosophie aussi avec sa vocation, son but dans la participation à la
contribution à l’éducation et au développement. A cet effet, elle est pédagogique
dans la mesure où elle lutte contre l’ignorance, la superstition, contre toutes
les formes d’embrigadement et d’asservissement. Dans la même perspective, la mission de la
philosophie est d’ordre développemental dans la mesure où elle propose à tout peuple une vision du développement.
Towa affirme : « En Afrique,
c’est le radicalisme iconoclaste (…) qui, paradoxalement permet de se retrouver
et d’être soi. »
De ce qui précède, il ressort que la
philosophie est opérationnelle dans ce monde vieillissant en raison de ce
qu’elle est un instrument de la révolution particulièrement de la lutte des
classes et en raison de sa mission à la fois pédagogique et développementale.
Cependant, est-il possible de parler d’une inopérationalité de la philosophie
dans ce monde évoluant?
Parler d’une inopérationalité de la
philosophie, revient à dire qu’elle est une activité spéculative et abstraite
dans un premier temps, une activité théorique et incapable d’améliorer les
conditions matérielles de l’humanité dans un second temps. Tels sont les arguments
qui seront développer dans l’antithèse.
L’imagerie populaire peut avoir raison de
penser que la philosophie est une activité inopérationnelle en raison ce de
qu’elle se présente comme une discipline abstraite, une activité spéculative
sans incidence réelle dans le quotidien humain. Ce, d’autant plus qu’elle
n’apporte rien de concret sur l’échiquier de la praxis social. Ainsi, elle
apparaît aux yeux du profane comme un simple bavardage, une discipline stérile,
inféconde et inopérationnelle dans la vie de chaque jour. Par delà tout, une
activité nuageuse en matière de résolution immédiate des problèmes qui
entravent l’épanouissement des hommes. C’est dans cette perspective que Jean
Desanti a pu dire d’elle qu’elle est « un simple jeu de mots, une
abstraction idéaliste ».
De même,
la philosophie est également inopérationnelle en raison de ce qu’elle est
activité plus théorique que pratique et
incapable d’améliorer les conditions matérielles de l’humanité ; et c’est
dans cette optique qu’elle est relayée au second plan. A cet effet, parce
qu’elle a vocation à conceptualiser, à théoriser, à résoudre concrètement et efficacement les
difficultés quotidiennes, la philosophie est donc inopérationnelle. Si être
opérationnel dans ce monde évoluant et vieillissant c’est être en activité du
point de vue concret et pratique, alors la philosophie, parce que
fondamentalement théorique, parce qu’elle n’est que discours oral ou
écrit ; est inopérationnelle dans ce
monde qui a besoin des adaptations pratiques, concrètes et réalistes.
Voila pourquoi Ernest Renan a pu affirmer « La
science seule peut améliorer la malheureuse condition de vie de l’homme. »
En clair, il ressort de cette analyse que
la philosophie est inopérationnelle dans ce monde vieillissant en raison de son
caractère abstrait, théorique et spéculatif. Toutefois, en dernière analyse, la
philosophie n’est-elle pas à la fois inopérationnelle et
opérationnelle ?
En guise de synthèse, il est tout à
légitime de penser que la philosophie, au regard de sa nature ambivalente, est
à la fois inopérationnelle et opérationnelle. Ce, dans la mesure où ce qui fait
son inopérationalité sert de base et de fondement à son opérationnalité. De part son caractère
théorique et spéculatif, la philosophie est inopérationnelle. De part son
caractère pédagogique et sa volonté à contribuer au développement, la
philosophie est opérationnelle. Cependant, pour le mieux être de l’humanité, le
coté théorique doit fait corps avec le coté pédagogique, développemental et
voir même pratique ; pour qu’ainsi
la théorie puisse guider et donner un sens à la pratique au développement. C’est dans ce
sens que Karl Marx déclare « la
pratique sans la théorie est vide et la théorie sans la pratique est
aveugle »
En définitive, notons que la résolution du
problème de l’opérationnalisation de la philosophie a été effectuée dans un
premier temps selon l’idée que la philosophie est opérationnelle par la
révolution et sa mission pédagogique. Dans un second temps, la philosophie
s’est avérée inopérationnelle de temps par son caractère spéculatif, abstrait
et théorique. En guise de synthèse, nous notons que la philosophie est à la
fois opérationnelle et inopérationnelle ; car le théorique doit être un
guide pour le concret et la pratique.
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