jeudi 8 décembre 2016

Philosophie et monde



Le petit déjeuner philosophique

 «La Philosophie est opérationnelle dans un monde vieillissant »

     Dans son ouvrage intitulé Le Capitale Karl Marx fait la remarque selon laquelle la philosophie est une activité amorphe qui verse dans les spéculations et les interprétations, une activité non opérationnelle dans ce monde qui évolue. Voilà pourquoi il affirme : « Jusqu’ici les philosophes n’ont fait que interpréter le monde de diverses manier ; il s’agit de le transformer. » Un tel point de vue semble contraster avec celui d’un penseur qui laisse croire que la philosophie est opérationnelle dans ce  monde. Il affirme : « la philosophie est opérationnelle dans un monde vieillissant.» De ces deux points de vue contradictoires découle le problème de l’exercice philosophique ou l’opérationnalité de la philosophie dans l’évolution du monde.  Dès lors, comment  est ce que la philosophie est opérationnelle dans ce monde qui vieillit? Est-il possible de parler d’une inopérationalité de la philosophie dans ce monde évoluant? En dernière analyse, la philosophie n’est-elle pas à la fois inerte et opérationnelle ? 
     L’idée de l’opérationnalité de la philosophie dans ce monde vieillissant et évoluant doit son argumentation  à des penseurs comme Karl Marx et sa vision opérationnelle de la philosophie dans la lutte des classes et à des penseurs comme Towa Marcien et la philosophie comme instrument de développement et aide  à l’acquisition d’un secret et Platon avec sa mission pédagogique du philosophe. Tels sont les arguments à développer dans la thèse.
     Soutenir l’idée selon laquelle la philosophie est opérationnelle dans un monde vieillissant, revient  à admettre qu’elle se manifeste du point de vue marxiste dans la révolution précisément dans le processus de la lutte des classes. La philosophie, dans ce contexte, est en marche de toute éternité dans ce monde qui évolue parce qu’elle est un instrument de la révolution. Par celle-ci, elle s’opérationnalise du point de vue concret et pratique. Car, le  monde de par sa vieillesse, est le fruit d’une incessante succession de révolution au point où la nous pouvons affirmer que la philosophie n’est opérationnelle que dans et par la révolution. A ce titre, Marx affirme : « l’histoire de l’humanité n’a été jusqu’ici l’histoire de la lutte des classes »
     En sus, la philosophie est également opérationnelle dans ce monde en raison de sa mission non seulement pédagogique et didactique, mais aussi surtout développementale come le souligne très bien le philosophe camerounais Marcien Towa. Ainsi, la mission de la philosophie est double ; elle est pédagogique et développementale car depuis que le monde existe, la philosophie aussi avec sa vocation, son but dans la participation à la contribution à l’éducation et au développement. A cet effet, elle est pédagogique dans la mesure où elle lutte contre l’ignorance, la superstition, contre toutes les formes d’embrigadement et d’asservissement. Dans la  même perspective, la mission de la philosophie est d’ordre développemental dans la mesure où elle propose  à tout peuple une vision du développement. Towa affirme : « En Afrique, c’est le radicalisme iconoclaste (…) qui, paradoxalement permet de se retrouver et d’être soi. »    
     De ce qui précède, il ressort que la philosophie est opérationnelle dans ce monde vieillissant en raison de ce qu’elle est un instrument de la révolution particulièrement de la lutte des classes et en raison de sa mission à la fois pédagogique et développementale. Cependant, est-il possible de parler d’une inopérationalité de la philosophie dans ce monde évoluant?
     Parler d’une inopérationalité de la philosophie, revient à dire qu’elle est une activité spéculative et abstraite dans un premier temps, une activité théorique et incapable d’améliorer les conditions matérielles de l’humanité dans un second temps. Tels sont les arguments qui seront développer dans l’antithèse.
     L’imagerie populaire peut avoir raison de penser que la philosophie est une activité inopérationnelle en raison ce de qu’elle se présente comme une discipline abstraite, une activité spéculative sans incidence réelle dans le quotidien humain. Ce, d’autant plus qu’elle n’apporte rien de concret sur l’échiquier de la praxis social. Ainsi, elle apparaît aux yeux du profane comme un simple bavardage, une discipline stérile, inféconde et inopérationnelle dans la vie de chaque jour. Par delà tout, une activité nuageuse en matière de résolution immédiate des problèmes qui entravent l’épanouissement des hommes. C’est dans cette perspective que Jean Desanti a  pu dire d’elle qu’elle est « un simple jeu de mots, une abstraction idéaliste ».
     De  même, la philosophie est également inopérationnelle en raison de ce qu’elle est activité plus  théorique que pratique et incapable d’améliorer les conditions matérielles de l’humanité ; et c’est dans cette optique qu’elle est relayée au second plan. A cet effet, parce qu’elle a vocation à conceptualiser, à théoriser,  à résoudre concrètement et efficacement les difficultés quotidiennes, la philosophie est donc inopérationnelle. Si être opérationnel dans ce monde évoluant et vieillissant c’est être en activité du point de vue concret et pratique, alors la philosophie, parce que fondamentalement théorique, parce qu’elle n’est que discours oral ou écrit ; est inopérationnelle dans ce   monde qui a besoin des adaptations pratiques, concrètes et réalistes. Voila pourquoi Ernest Renan a pu affirmer « La science seule peut améliorer la malheureuse condition de vie de l’homme. »
     En clair, il ressort de cette analyse que la philosophie est inopérationnelle dans ce monde vieillissant en raison de son caractère abstrait, théorique et spéculatif. Toutefois, en dernière analyse, la philosophie n’est-elle pas à la fois inopérationnelle et opérationnelle ? 
     En guise de synthèse, il est tout à légitime de penser que la philosophie, au regard de sa nature ambivalente, est à la fois inopérationnelle et opérationnelle. Ce, dans la mesure où ce qui fait son inopérationalité sert de base et de fondement  à son opérationnalité. De part son caractère théorique et spéculatif, la philosophie est inopérationnelle. De part son caractère pédagogique et sa volonté à contribuer au développement, la philosophie est opérationnelle. Cependant, pour le mieux être de l’humanité, le coté théorique doit fait corps avec le coté pédagogique, développemental et voir  même pratique ; pour qu’ainsi la théorie puisse guider et donner un sens  à la pratique au développement. C’est dans ce sens que Karl Marx déclare « la pratique sans la théorie est vide et la théorie sans la pratique est aveugle »    
     En définitive, notons que la résolution du problème de l’opérationnalisation de la philosophie a été effectuée dans un premier temps selon l’idée que la philosophie est opérationnelle par la révolution et sa mission pédagogique. Dans un second temps, la philosophie s’est avérée inopérationnelle de temps par son caractère spéculatif, abstrait et théorique. En guise de synthèse, nous notons que la philosophie est à la fois opérationnelle et inopérationnelle ; car le théorique doit être un guide pour le concret et la pratique.               

         

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