LA POSSIBILITE D’UNE PRISE EN COMPTE DE LA
CULTURE CAMEROUNAISE DANS LA TENTATIVE DE L’ELABORATION DE SON SYSTEME
EDUCATIF.
Introduction
Communément définie comme ce qui reste
quand on a tout oublié, la culture apparait comme ce sur quoi une nation fait
reposer ses principes idéologiques susceptible de promouvoir et de faire
perdurer son développement. Plus encore,
la culture est l’ensemble des traditions, des valeurs, des acquis intellectuels
et des savoir-faire propre à une société humaine. Sous un angle philosophique,
la notion de culture est prise dans un rapprochement avec la notion de nature.
Et c’est en cela qu’elle désigne l’apport et la contribution de l’homme à la
nature, et représente l’ensemble de tous les efforts fournis par les hommes en
vue de créer des moyens d’adaptation des possibilités d’action sur la nature.
Une telle notion, pour plus de consistance dans la réflexion ne saurait être
prise de manière unique ; c’est en ce sens qu’elle peut être accompagnée
du terme éducation qui peut être entendue comme un enseignement des règles de
conduite sociales et formation des facultés physiques, morales et intellectuelles
qui préside à la formation et à l’acquisition de la personnalité. Plus
précisément, l’éducation est un processus de socialisation des individus. Et le
système éducatif devient donc cette organisation et structuration andragogique
et pédagogique formelle du parcours scolaire académique et professionnel. Au
regard de ces deux notions, on ne pourrait faire le constat dans le contexte
camerounais où nous sommes du rapport qu’ils peuvent avoir dans l’objectif qui
vise à élaborer le système éducatif camerounais. On pourrait donc formuler le
problème en se demandant quel serait l’apport de la culture camerounaise dans
l’élaboration du système éducatif camerounais. Dès lors, il est connu de tous
que la culture camerounaise est imbibée de manière folklorique de la culture
occidentale et que son éducation connait une réalité dualiste tenue de bout en
bout par le model français et occidental. Compte tenu de cela, comment parvenir
à nuancer cette réalité pour enfin de compte utilisé ce qui reste de notre
culture et le mettre au service de l’objectif qui vise à élaborer un système
éducatif camerounais digne de ce nom ? Pour ce fait, après avoir présenté
de manière sommaire la consistance de la culture camerounaise et le système
éducatif adopté, nous allons analyser les éléments de la culture camerounaise pouvant favoriser l’élaboration
de son système éducatif.
A- Présentation sommaire de la culture camerounaise
Il ne serait pas faux de dire a priori
que les camerounais sont acculturés. Cette acculturation trouve son fondement
non seulement dans l’histoire, mais aussi et surtout dans les enjeux politiques
et économiques. Ce qui est un alibi à une double diversité de la culture
camerounaise. Une diversité interne marquée par son dualisme anglophone et
francophone, et une diversité due à son ouverture prématurée au monde
caractérisée par les éléments culturels asiatiques, américains et européens.
I-
La diversité interne
Il s’agit plus clairement d’une diversité inhérente
à la nation camerounaise et qui a ses origines dans la période coloniales. C’est
celle là qui prend en compte et dans une unicité parfaite le côté anglophone et
celui dit francophone. C’est une diversité qui entre dans ce qu’on pourrait
appeler philosophiquement l’en soi camerounais. Elle est marquée par des traits
comme :
1-
Tribus et langues
Le Cameroun est un pays
multilinguistique et tribal, en plus des deux langues officielles héritées de
la colonisation, le pays regorge plus de 250 langues maternelles encore connues
sous le nom de dialectes. Ces langues varient d’une région à une autre ainsi
que les tribus et parfois ne partagent entre elles aucune similitude. Elles
peuvent être dites régionales par abus mais très spécifiques entre elles au
point ou on parle au Cameroun d’un village une langue maternelle ou d’une tribu
une langue. Dans la région du littoral par exemple, nous avons la
langue « bassa » très répandue chez les populations des côtes
mais aussi l’ « ewondo » qui est parlée dans les cités
administratives de la capitale économique. On peut aussi citer quelques sous ensembles
tels que le « duala » et aussi la « yabassi ». A ces
langues s’attachent aussi les tribus correspondantes (bassa,duala,yabbassi).
Dans les grasfields c'est-à-dire dans l’ouest du pays,ce sont les Bamilékés et
ici, les langues diffèrent d’un village a un autre mais néanmoins, on peut les
classer selon quelques ensembles. On a par exemple le « fè,éfé » qui
est parlée dan le département du haut-nkam(bafang) , le « ghomala »
qui est parlée dans les villages comme
Bandjoun, Baham, Bafoussam….A côté il y a le « medumba » parlée dans le
Ndé plus précisément a Bangangté. Le « yemba » et le
« Ngomba’a » sont plus parlées dans les bamboutos et la Menoua. On
doit aussi mentionner le « Bamoun » qui est parlée a Foumban. Dans le Nord, les langues sont plus
généralisées par rapport a l’ouest, ici,
on a le « Foulbé », le « peul ou Foufouldé ». A ces langues
se collent les tribus comme les « moundans, les Guisigas et les foulbés.
Au Nord-Ouest, tout comme au Sud-ouest, un mélange de français et d’Anglais fit
naitre le « Pigin », mais a côté il y
a aussi des langues comme le « Bakweri ». Dans les régions du
centre et Sud, les langues sont aussi plus généralisées par rapport toujours a
l’Ouest ou la division rend parfois impossible la communication. On a ici par
exemple le « Bulu » qui best plus parlées a Ebolowa et
l’ »Eton » dans le centre. Le constat est fait ici que les Cameroun
est un tout dans lesquelles les langues maternelles s’entremêlent. Cependant
dans le processus de l’enseignement et de la formation du système éducatif, quel
peut être l’apport de ces langues. Les tribus s’y afférentes sont tout de même
les Etons et les Bulus
2-
Coutumes et traditions
Dans la culture camerounaise et en
Afrique, elles se présentent comme étant les éléments pratiques inhérents à
celle-ci. On fait face ici à ce qu’on pourrait appeler phase théorico-pratique
d’un processus pédagogique embryonnaire. C’est le contenu même de ces coutumes
et traditions c'est-à-dire ce caractère pédagogique qu’il contient qui fait la
force de sa diversité. Cette diversité qui réside dans les différentes
pratiques que l’on observe dans nos tribus.
Pratiques qui sont de nature à nous plonger dans une parfaite harmonie
avec la nature bien que nous vivons dans une promiscuité et une précarité totale. Promiscuité
et précarité dans la façon de se vêtir, de manger et de se soigner. Les
coutumes et les traditions font même parti de l’en soi camerounais car
indétachable de la façon du camerounais à être dans le monde et leur diversité
est plus amplifiée avec union des deux Cameroun. Les anglophones en ont des
coutumes et traditions et les francophones aussi. Si chez les francophones on
parle de Fantasia pour les nordistes ou de Ngodo pour les douala ou du Samalé
pour les bamiléké, chez lez anglophones on parlera de Ngonè pour les bakossi,
ou de Moniki pour les bayangui ou de Maleh pour les bakoueri. Elles sont bien
effectives dans la culture camerounaise ; et en elles on retrouve une
forme de croyance et un culte aux divinités ancestrales ce qui peut faire
l’objet d’une éducation. Comment ne pas alors tenir compte de ces deux réalités
si l’on veut élaborer un système éducatif camerounais, si tant est vrai
qu’elles font valoir les techniques et méthodes de la vie culturelle
camerounaise. Comprendre une telle diversité, nécessite une lecture attentive
de la lettre ouverte à un roi Bamiléké[1]
de Patrice Kayo.
3-
contes et proverbes
Les contes et proverbes dans la culture
camerounaise se présentent dans une variabilité qui fait sa diversité. Une
diversité qui est due à la diversité des tribus existantes au Cameroun. Ces
contes et proverbes sont utilisés dans l’optique d’une distraction ; une
distraction pourtant ignoré comme étant intellectuelle. Leurs usages se fait
dans des circonstances très précises. C’est ainsi que dans une tribu comme dans
une autre les contes et proverbes varient en fonction de leurs portées et de
leurs usages. On peut dès lors retrouver
autour d’une table toute une famille Bamiléké ou bulu, ou béti les parents raconté
des histoires à leurs fils et petits fils avec la langue qui leur est
propre; ce qui est encore un facteur de la diversité interne. Ceci à vocation
essentiellement pédagogique. Si ce n’est pas autour d’une table, se serait au
couché ; cette fois si dans l’intention de bercer les enfants en vue de
les endormir. En fonction de la tribu où l’on se trouve, on aura des contes au
sujet de la torture, du lion …et des proverbes sur le travail, la vie en
famille, la cuisson… A cet effet, les contes et proverbes dans le contexte camerounais,
loin d’être d’une diversité remarquable, sont aussi et en même temps d’une
harmonie frappante. C’est ce qui fait son unité dans sa diversité. Nous n’avons
qu’à saisir contes et légende[2]s
d’Afrique de Hilaire Essoh-Ngome. Sans toutefois omettre fables des montagnes[3]
de Patrice Kayo. Pour être confronté à cette diversité.
II- La diversité due à l’ouverture
Le cosmopolitisme qui vise à faire de
chaque individu un citoyen du monde, suppose la mise à l’écart de tout attitude
qui vise pour un pays à vivre en autarcie. C’est ainsi, dans le dessein mondial
que l’humanité s’est dressée, on assiste à une cohabitation entre les pays. Et
dans cette cohabitation, les plus puissants parviennent à faire régner leur
culture dans les pays non puissants. Le Cameroun subit à cet effet un pareil
fait, et c’est ce qui rend double sa diversité qui, dans son ouverture au monde
se caractérise par :
1-Autres
langues étrangère
Il va s’en dire que lors du choc
des civilisations c'est-à-dire que lors de la rencontre avec l’occident, les
éléments de la culture se sont vu considérablement modifies ou ajoutés par
d’autres valeurs venues d’ailleurs parmi lesquelles les langues. Aujourd’hui,
les langues étrangères font partie intégrante des programmes scolaires au point
ou il est impossible de passer un certain niveau ou faire une certaine classe
sans avoir connaissance de celle-ci. La langue allemande, une des première à
être parlées dans le pays constitue aujourd’hui une forme de tradition et ou il
est même possible de se spécialiser en la matière dans les institutions
universitaires. L’espagnol est aussi présente et s’impose aussi au regard de la
facilité mais aussi et surtout de l’éloquence qui animent ces pratiquants. Vous
pouvez même entendre de la bouche des enfants : « c’est la
langue des rois » pour parler de l’espagnol et « c’est la langue des
brutes » pour parler de l’allemand. Ces connotations données aux langues
constituent déjà une forme de vision du monde et influencent considérablement
les autres qui espèrent faire la même chose dans les années à venir. Certaines
autres langues étrangères comme l’italien, le chinois existent dans le pays
mais n’ont pas un impact considérable sur les enfants parce que ne faisant pas
partie intégrantes des programmes scolaires. On comprend alors que l’existence
de ces langues a soit révolutionner les habitudes ou dégrader certaines
valeurs ; c’est pourquoi ne pas les prendre en compte dans l’élaboration
des programmes serait faire fausse route car au font elles véhiculent une
idéologie qui serait peut être différente de notre façon a nous ou alors des
idéologies bien plus profondes que nous ne le pensons. Leur copie Séville pourrait être de nature à révolutionner les
mentalités des jeunes.
2-
Le vêtir
Pour parler d’une véritable coutume
vestimentaire au Cameroun, il faut peut-être remonter à la période
postcoloniale et voir par exemple les « cache-sexes ». Aujourd’hui le
vestimentaire purement Camerounais ou
Africain est presque inexistant. Les vêtements que vous pouvez voir chez les
jeunes garçons et filles viennent évidemment d’ailleurs « taille-basse,
destroy » etc. . Mais comment révolutionner ces habitudes qui
s’étendent jusqu’aux institutions académiques de tout le pays ? La réponse
a cette question montre qu’une telle entreprise semble être vouée a l’échec
puisque les jeunes ont déjà fait de ces habitudes des éléments incontournables
voir indétachable de leur façon quotidiennes d’existence. La conséquence qui
s’en suit de la nécessairement est la dépravation des mœurs qui a conduit
aujourd’hui a la mise sur pied de certaines règles vestimentaires dans les
institutions et surtout des établissements scolaires en particulier, ici on
parle même de code vestimentaire. On comprend alors que le mode vestimentaire
venu d’ailleurs est même déjà allé jusqu'à prendre le dessus sur les jeunes et
le comble c’est qu’ils s’y conforment très rapidement. Dans ces façons de
s’habiller, ce qu’on peut percevoir tout de suit c’est la perte des notions
chères comme le caractère sacré du corps humain : une chose que l’Afrique
et le Cameroun veulent bien conserver. Le vêtir ici est même déjà plus que ce
qu’on voit car pour certains, il suffit de voir comment une jeune fille
s’habille et deviner qui elle peut être « dis-moi chez qui tu
t’habilles et je te dirai qui tu es » Comme pour montrer qu’aujourd’hui,
l’habillement définit même la personne qui la porte et peut donner a
l’observateur beaucoup d’informations sur elle. Il va donc s’en dire que le vêtir
d’ici n’est même pas d’ici mais d’ailleurs.
3-
La culture technoscientifique
Ce qui est frappant dans la société
Africaine et surtout dans celle du Cameroun en particulier c’est que les jeunes
convertissent très rapidement les habitudes venues d’ailleurs en mode de vie.
C’est ce qui se passe avec la science et ses
applications techniques (techno
science). Les jeunes au Cameroun sont de plus en plus in détachables des
prouesses de la science (téléphone portable, ordinateur, internet) et cela
devient déjà pour eux une forme de tradition puisqu’ils font déjà partie de
leur quotidien. Ils disent que ces instruments leur facilitent le travail,
qu’ils sont des espèces de fait tout spéciaux sans lesquels la vie n’aurait pas
de sens. C’est la raison pour laquelle faire un système aujourd’hui qui ne
prend pas en compte cela constituera
pour les apprenants un véritable handicap. Les jeunes ont déjà intégré dans
leur valeur qu’internet les aiderait à faire leur devoir, le téléphone portable
pour s’amuser et l’ordinateur pour travailler. Tout se passe comme ci les
éléments importés constituent déjà un mode de vie pour les jeunes ou existaient
déjà il y a longtemps, mais il n’en est rien : c’est l’adoption rapide et
aveugle de ces données culturelles occidentales qui rend impossible la mise sur
pied d’un véritable système purement et entièrement camerounais. La conséquence
d’une telle ouverture est la perte de l’originalité africaine dont le maitre
mot est ce que Njoh Mouelle a appelé dépersonnalisation.
B- Présentation sommaire du système
éducatif Camerounais
Un tel intitulé trouve sa raison d’être dans
l’idée que le Cameroun connait deux systèmes éducatifs ; ce qui laisse croire
qu’il est à cheval entre deux catégories de formation de sa jeunesse. De ce fait, il est donc question de présenter le
système éducatif que subit le Cameroun. Et on peut dire à cet effet que ce
système connait s un dualisme. Celui du système français et celui du système
anglais.
I- Le système francophone
Le système éducatif dans un pays est une
organisation formelle du parcours scolaire académique et professionnel. Dans le
cas des pays francophones comme le Cameroun qui ont la France pour inspiration,
on fait face à une structuration chronologique et les enseignements sont à la
fois de l’ordre du publique et du privé.
1-
structure du système
*l’enseignement maternel,
primaire et post primaire
L’âge d’admission à la maternel se situe
entre 3 et 4 ans et les études durent trois ans. Un an pour la première
section, un an pour la deuxième et un an pour la troisième. L’école maternelle
vise l’éveil de potentialités physiques, socio-affectif et intellectuelles de
l’enfant. Elle pare l’enfant à l’entrée à l’école primaire même si à ce niveau,
les apprenants ne sont pas sanctionnés pas un diplôme. Il reste cependant que
le bulletin de note demeure un élément justificatif d’admission à la section
l’initiation au langage (sil), au cours préparatoire spécial (CPS) une fois
pour les plus brillants.
L’âge requis est de 6 ans et ce système
est constitué de trois niveaux. Le premier niveau est la sil et le cp, le
deuxième niveau est le cours élémentaire 1 et 2, et le troisième niveau est le
cours moyen 1et 2. L’enseignement primaire est fondamental et obligatoire dans
la mesure où pour son propre épanouissement, l’individu doit savoir lire,
écrire, faire de simple calcul et explorer son environnement. Les 6 années
passées au primaire se solde par l’obtention d’un certificat d’étude primaire
(cep) qui prépare l’élève et lui donne le quitus d’accès à soit au collège,
soit au lycée.
A la fin de ses études primaires, l’élève
a deux options. Soit il poursuit ses études, soit il apprend un métier. Tel que
conçu au Cameroun, l’apprentissage d’un métier est non seulement prématuré,
mais aussi et surtout quasi impossible. A moins qu’il ait encore une autre
formation plus approfondie. Dans le cadre de l’insertion professionnelle
immédiat, le système prévoit ce qu’on appelle les sections artisanales rurales
(sar), les sections ménagères (SM).
*l’enseignement secondaire et supérieur
Il est divisé en deux cycles. L’admission
au premier cycle se fait par voie de concours et l’âge légal est de douze ans et
au bout de quatre ans d’étude, on obtient le BEPC (brevet d’étude du premier
cycle). Le second cycle n’est qu’une continuité du premier cycle et on y accède
soit avec un BEPC, soit un bulletin ayant eu une moyenne supérieure ou égale à
dix. Après trois ans d’étude, l’apprenant sort avec un Baccalauréat dont la
condition de possibilité suppose au préalable l’obtention pour la classe de
premier d’un probatoire.
NB :
l’enseignement secondaire est divisé en deux ; l’enseignement général que
nous venons d’exposer, et l’enseignement technique qui comprend aussi deux
cycles. Le premier d’une durée de quatre ans se solde avec l’obtention du CAP
(certificat d’aptitude professionnelle). Le second qui dure trois ans s’achève
avec le BT (brevet des techniciens). L’enseignement secondaire donne l’accès à
l’enseignement supérieur.
Après le secondaire, les élèves peuvent
choisir soit l’enseignement supérieur universitaire, soit l’enseignement
supérieur normal. L’enseignement supérieur universitaire est assuré par
plusieurs institutions publiques et privés et l’accès se fait sur étude des
dossiers et est ouvert à tout élève titulaire d’un Bac ou d’un BT.
L’enseignement supérieur normal quant-à lui est l’apanage du public et l’accès
n’est possible dans la généralité des cas que par voie de concours ; à
défaut des circonstances exceptionnelles. En fonction des différentes écoles, on sort
avec le diplôme qui correspond. Il est important de préciser que cela vaut
autant pour le domaine technique.
2-
Mission et orientation des enseignements
De prime à bort, la mission première de
l’enseignement tel que visée par ces systèmes est celle de conduire les
apprenants à la réussite. Du point de vue scolaire avec l’acquisition des
compétences comme du point de vue social avec un savoir faire plein et
l’amélioration considérable de ses conditions de vie. Cet enseignement a besoin
de l’appui de tous les acteurs de la société et d’une manière particulière,
tire sa profondeur dans sa capacité à harmoniser le savoir et les faits
sociaux. Il importe de noter que dans la mission de l’éducation, le principal
centre d’intérêt est de définir le champ d’action de l’école en l’ouvrant à
l’instruction, à la qualification, à l’acquisition des compétences et
performance et à la socialisation. En
fait, ce système tel que conçu dans le contexte camerounais est un facteur de
cohésion sociale compte tenu des la diversité que le Cameroun connait. Il est
de nature à favoriser le sentiment d’appartenance à la société camerounaise. La
jeunesse à travers un tel système, doit être capable à exercer une citoyenneté
responsable. Il doit avoir aussi la capacité d’être un avant-garde des risques
des extraversions et des immoralités de toutes sortes.
Pour ce qui concerne les orientations, la
loi No 88/OO4 du 14 avril 1998 en son article 05 statue les orientations
d’enseignement au Cameroun. L’enseignement est donc orienté vers la formation
des citoyens enracinés dans leurs cultures. Le citoyen camerounais est aussi de
part ce système éducatif ouvert sur le monde et respectueux des valeurs, de
l’intérêt général et du bien commun. Ouvert au monde à travers la dispensation
des enseignements des langues étrangères et la culture historique des autres
nations. Il est aussi à noter que dans cette loi, il est prescrit la promotion
de l’enseignement scientifique et technologique, l’alphabétisation numérique ou
une franche participation au village planétaire. Tout compte fait, le Cameroun
se sert de c’est deux systèmes pour éduquer et donner un sens à la vie de ses
citoyens.
II- Le système anglophone
1- structure du système
Le système anglophone est plus répandu ici
dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest qui sont les régions a
expression anglaise du pays car les huit autres régions sont dominées par le
système francophone. Cependant ils existent des établissements scolaires qui
optent pour la formule Bilingue ; ce sont des établissements dans lesquels
les enseignements se font dans les deux langues ou alors des établissements
dans lesquels il existe un sous système francophone et un sous système
anglophone. Dès lors c’est une approche assez particulière qu’on veut se
donner en insistant sur ses différences
d’avec le système francophone et aussi en insistant sur sa structure et ses
objectifs visés. Lorsqu’on entend école anglophone, cela renvoie nécessairement
à une école ou les enseignements sont dispensés en anglais. Cela ne veut n’ont
plus dire qu’ici il n a pas de français il existe bien comme chez les
francophones l’anglais aussi existe. Tout comme chez les francophones,
l’enseignement se situe sur trois grands niveaux à savoir : l’enseignement
de base, secondaire et supérieur. En enseignement de base ; la seule chose
qui diffère avec le système francophone est qu’il y a un âge légal d’entrée a la maternelle qui est
de quatre ans, il y a aussi à l’école primaire(pimary school) une autre classe
après le CMII(class seven) bien qu’elle a été supprimé cette année. Le second
pole d’enseignement est le secondaire qui comprend deux cycles et ou l’entée se
fait sur présentation d’un (first school living certificate) et d’un (common
entrance) : entrée en sixième chez les francophones. Le premier cycle du
secondaire va de fromI a FromV et s’achève par un examen équivalent au
B.E.P.C(G.C.E). Le second cycle quand lui n’est pas marqué par l’obtention de
deux diplômes comme chez les francophones, la seconde (upper six) et la
première sont des classes intermédiaires. Le Baccalauréat seul conclut ce cycle
par l’obtention d’un certificat (Advance level). Le supérieur lui est plus
ouvert puisqu’il ne prend pas en compte les critères linguistiques ; dans
les huit universités d’état du pays les enseignements sont dispensés dans les
deux langues sauf à Buea qui est purement anglophone. Quelle serait alors la
particularité de ce système ?
2-
Mission et orientation des enseignements
L’orientation principale de ce système est
que la majorité des enseignements sont des enseignements de nature à participer
a la spécialisation de l’apprenant. Contrairement au élèves du système francophones
qui à la fin de leurs études secondaires ont toujours de graves soucis
d’orientation ; les étudiants du système anglophone n’ont pas trop cette
difficulté là vu que lors de leur passage au secondaire, ils ont longuement
travaillé sur une discipline ou matière ou spécialité bien spécifique. Dans le
système francophone un mélange excessif de disciplines rend impossible voire
difficile une véritable orientation des enfants : c’est pourquoi après le
bac, on observe certains qui n’ont aucune perspective d’avenir, ils sont perdus
dans les choix des filières et écoles dans les institutions universitaires.
Dans le système anglophone, on a compris une telle exigence et cela permet de
ne pas évader les enfants avec les enseignements mais qu’a partir du secondaire
ils puissent se projeter en choisissant une spécialité qu’ils défendront
peut-être toute leur vie. De plus, on peut observer une certaine rigueur dans
le travail chez ces derniers loin du laxisme criarde qui règne chez les
francophones. Le degré de rejet de la langue anglaise observé chez les
francophones n’est pas de la même intensité que ce que les anglophones
éprouvent pour la langue française. On peut même observer ici une certaine
proximité des enseignants vis-à-vis des élèves.
C- La culture camerounaise comme
pilier de l’élaboration de son système éducatif
L’intention qui nous anime dans ce chapitre est
celle de la démonstration de la capacité des éléments culturels camerounais à
pouvoir mettre en évidence, élaborer un système éducatif du type camerounais.
Un système qui, non seulement prend en compte les méandres de la réalité
camerounaise, mais aussi se pose comme un concurrent potentiel face aux enjeux
de la mondialisation et du développement durable. La question est donc de
savoir que contient la culture camerounaise au point d’être capable d’élaborer le
système éducatif camerounais.
I-
L’apport des mythes contes et proverbes dans l’élaboration du système éducatif
camerounais
Les contes
et proverbes voir les mythes sont connus pour n’être que des moyens de
distraction ; ce qui est une appréhension limitée car ils peuvent servir
tout au moins à impacter sur l’éducation d’un peuple et serait alors d’un
apport inestimable pour le système éducatif de ce peuple. C’est dans cette
perspective que le Cameroun en a besoin pour élaborer son système éducatif.
1- la nécessité méthodique des contes et proverbes
En tant que récit d’aventure imaginaire,
en tant que formule brève exprimant une idée communément admise comme vraie,
les contes et les proverbes peuvent contribuer à l’élaboration du système
éducatif camerounais défini comme organisation et structuration formelle
andragogique et pédagogique des enseignements au Cameroun. Ce dans la mesure où
la méthode d’enseignement de ces contes et proverbes se fait par l’entremise
des paraboles. On assiste de ce fait à une transmission implicite des
connaissances, ce qui dans ce contexte serait véritablement de nature à cacher
une idéologie qui s’avérerait être dominante. A travers les contes et les
proverbes véhiculés par le biais des paraboles, le système éducatif
camerounais, dans une mouvance pédagogique ou andragogique, pourra véhiculer
les idéaux de paix, de respect de l’autre et surtout des supérieure, de respect
de la nature et des bienfaits du vivre ensemble. On comprend clairement qu’une
idéologie pourrait se cacher derrière un système éducatif qui conçoit de tel
model d’apprentissage ; étant entendu que la parabole, tout le monde ne la
saisie pas au sens fort et brute. Les enfants ou élèves initiés à une telle
façon pourront savoir de quoi il est question. A cet égard, Alexis Kagamé[4]
penseur Rwandais fait comprendre que la philosophie qui devrait accompagner
l’Afrique est celle là qui se trouve dans les champs, les proverbes et contes
de la littérature orale négro-africaine. De toute évidence, un système éducatif
est soutenu par une philosophie qui dévoile sa démarche. L’élaboration de celui
du Cameroun a pour contribution centrale les contes et proverbes qui se font à
l’aide d’une oralité qui nécessité forcement une initiation ce qu’il est
convenu d’appeler parabole. Voilà pourquoi Nkombe Oleko a pu déclarer
« viens piler tu refuse viens manger tu accours »[5]
développant ainsi la réflexion sur l’importance du travail qui fait gagner
respect et dignité. On peut donc noter que la parabole masque l’idée, le
contenu des enseignements d’un système éducatif ; ce qui révèle son
caractère idéologique. Ici, les non initiés n’ont pas de place ; et comme
le dessein est d’initier les enfants, alors à travers les contes et proverbes
sous la force des paraboles, le système éducatif camerounais pourra être
effectif. Il est plus que jamais urgent
de noter et de rappeler que les contes et proverbes ont aussi un caractère
andragogique qui vise à sensibiliser des adultes et parents sur la place qui
est la leur. C’est ainsi qu’on pourra entendre dans les couloirs de nos
villages « les urines d’une femme ne traversent jamais le tronc d’un
arbre ». Signifiant par là que là où les hommes siègent, les femmes ne
doivent pas s’y trouver. A travers les contes et les proverbes, les techniques
de traitement et de guérisons des blessures et maladies peuvent être
véhiculées. Compte tenu de cela, comment ne pas les prendre en compte dans
l’élaboration d’un système éducatif ?
2-
le caractère relaxe et sympathique de la transmission des contes et proverbes
En outre, les moyens et l’esprit qui anime la
transmission de ces contes et proverbes sont propices à un système éducatif qui
se veut sérieux ; ce d’autant plus que le facilitateur qu’est dans la
majorité des cas un griot ou une griotte
est entouré par ceux qui reçoivent son message. Cette disposition, celle
qui vise à ne pas éloigner l’apprenant de l’enseignant, celle qui vise à
sympathiser avec l’enseignant plonge l’activité didactique qui les lie dans une
relation active d’apprentissage. On pourrait voir là les méandres du système
LMD à l’état de nature c'est-à-dire de manière prématuré. C’est une disposition
favorable à un système éducatif rigoureux. Ce qui rend plus intéressant cette
relation d’apprentissage, c’est la capacité de l’éducateur à imbiber, à
harmoniser ses enseignements de tonalités musicales. Une façon non seulement
d’adoucir les mœurs, mais aussi de faire pénétrer le message dans les esprits.
On observe à cet effet, une particularité évidente, celle du caractère non
structuré des enseignements. On ne fait plus face ici au model occidental qui
stipule et met en évidence une attitude nivelée des enseignements. Ce que nous
ne rejetons pas du point de vue moderne car elle est fonction des enjeux
politiques, économiques et même sociaux. A travers le regroupement au tour du
père éducateur, les mêmes valeurs sont véhiculées à toutes les couches. C’est
dans cette perspective que le docteur Emmanuel Afane Ze dans la fille d’Ebène[6]
met en relief le jeune Nkoulou fils
de Fegué, qui, après être envoyé en ville recherché la vérité au sujet de la
mort de sa sœur Ngondélé tué par le VIH/SIDA, revient au village rendre compte.
Et c’est au tour d’un grand feu que le doyen d’âge réunie le village et
coordonne la cérémonie. Et le jeune Nkoulou, au milieu de la population
villageoise véhicule le message de protection sexuelle, des causes, des manifestations
et des conséquences de la maladie appelée VIH/SIDA. Compte tenu du caractère
bidimensionnel de la culture camerounaise, on est en droit, si on veut élaborer
un système éducatif camerounais de nuancer ces deux cultures et de trouver une
mesure juste de nature à faire la synthèse afin d’obtenir un système solide,
fiable et unique ; prêt à faire concurrence avec les autres. Donc, les
proverbes et contes devront être conçus et élaborés de tel enseigne qu’ils
entrent en conformité avec les objectifs que le Cameroun vise. Une limite
pourrait être apportée à cette approche. C’est celle du caractère non
utilitariste du point de vue social. Il est difficile voir même impossible de
gagner sa vie, en allant à une telle école. Toutefois, elle nous sert à
comprendre une situation et à faire face à cette situation, améliore les
conditions humaines de manière spirituelle, c'est-à-dire au niveau du style et
de la qualité de vie.
II-
L’apport de la langue (langues d’origine) dans l’élaboration du système
éducatif camerounais
1-
Langue et proximité avec les enseignements
Ce qui est constaté au Cameroun c’est que
malgré la diversité, chaque camerounais est fortement attaché a sa culture ou a
sa langue maternelle au point ou il se dit- qu’il serait plus alaise si les
enseignements pouvaient lui être donné en cette langue là. Mais lors qu’une
multitude de langues s’entremêlent, cela rend impossible cet idéal. Guillaume
Oyono Mbia dans Trois Prétendant Un Mari a bien conscience de cela lorsque dans la
seconde édition de son œuvre il précise dans la préface que « mon souhait
le plus vif est donc que mes Pièces puissent être jouées en plein air, en
Afrique ou ailleurs devant un public qui prétendront spontanément par
aux chants et aux denses suivant les adaptations locales auxquelles les
metteurs en scène voudront bien procéder »[7]
C’est cette prise de conscience du fait que les origines ou l’appartenance une
communauté linguistique voir traditionnelle influence considérablement notre
vision du monde et notre façon de comprendre les chose qu’il n’hésite pas a
utiliser dans son œuvre des répliques et des interjections qui traduisent
exactement les intentions de ses personnages dans le souci de ne pas vraiment
l’avoir saisi dans son entièreté. : il écrit « de temps a autre
au cours de la pièce, des passants interpellent les acteurs qui répondront
invariablement « Nbolô,ô,ô » »[8].
Au niveau des interjections, il peut s »en dire que celles du vocabulaire
français n’ont pas pu traduire exactement ou exprimer clairement les sentiments
des personnages de l’œuvre au point ou l’auteur en a utilisé des panoplies
d’interjection en langue maternelle bulu « Ekie, a ki i, Aa’a
ka »[9].
L’auteur va plus loin puisqu’il introduit même dans l’œuvre des phrases
complètes en langue bulu afin de montrer que leur introduction dans les œuvre
littéraire peut s’avérer être nécessaire pour des populations fortement
attachés a leur langues maternelles : il écrit « Eee,kié oyônô
Elo Mekong ya Ngozip êêê ! »[10] Et « Ah Nene Ngok ! »[11]
pour dire qu’elle a réussi. Cette entreprise de Mia a introduire la langue
maternelle dans son œuvre témoigne de sa volonté de les vulgariser et même de
les permettre d’intégrer de façon progressive les programmes scolaires. C’est
dire qu’avec ces langues dans les
programmes, les apprenants pourraient se sentir plus proches des enseignements
et aussi plus pris en compte. Henri Nicod Le missionnaire l’avait déjà remarqué
dans la tradition bamoun puisque dans son œuvre Manbgweloune la danseuse du Roi Njoya, il n’hésitait pas a utiliser
exactement les termes traditionnels qui étaient utilisés pour les titres des
rois et des dignitaires de la royauté « pa_si
Poue, Niet, Mfon, Ndji, Mut-Ngo » et « Mu Nshut »[12].
Il va s’en dire que selon lui ces honneurs ou titre n’avaient pas de
terminologie dans la langue français ou point ou il fallait les inscrire ainsi
pour que celui qui connait cette langue s’y retrouve.
2- la langue comme moyen de
facilitation des enseignements
En
intégrant donc ces détails ou ces aspects de la langue, les apprenants ne se
sentiront plus exclus de ce qu’ils apprennent ou se croire oubliées car il
existe des mots ou des expressions que le vocabulaire français ou anglais ne
peut malheureusement donner de signification et dont leur non prise en compte
pourrait s’avérer être un handicap dans l’éducation des enfants. Dans Mâ de Gaston Paul Effa, lorsque la
narratrice épluche le contenu de son nom de
naissance « Ekela », il s’en suit que c’est un mélange de
féminité et de cruauté qui s’entremêlent, alors on se demande si dans le
vocabulaire occidentale il existe un seul mot que peut exprimer cette réalité « le femme
et le chèvre réunies dans la cruauté du rituel sacrificiel »[13]
On comprend alors ici que les mots en langues maternelles ne s’expliquent pas simplement comme dans les
vocabulaires occidentaux mais ont des significations plus profondes ; EFFA
écrit « Mâ, syllabe magique qui réveille la nature, le pas des jours
perdus, la visibilité du souffle, l’effervescence de l’esprit »[14]
Un tel constat a poussé les spécialistes sur la nécessité d’introduire dans les
programmes scolaires les langues maternelles ou de faire d’elles des matières
importantes, enseigner premièrement leurs alphabets afin de les intégrer
progressivement dans les enseignements ou les disciplines. Une structure dans
la capitale économique le fait déjà ; il s’agit du collège Libermann.
III-
L’apport de la tradition camerounaise dans l’élaboration du système éducatif
camerounais
En général, la tradition fait appel aux coutumes, aux comportements
propres à un société. Le dictionnaire Larousse la définit comme la transmission
des doctrines et des coutumes. Cette transmission se fait il faut le noter soit
par voie écrite ou orale.
1- La tradition comme forme
d’éducation
S’i faut s’en tenir a la définition
précédente de la tradition, on comprendrait qu’elle est un forme d’éducation,
dans la mesure où il ya transmission des valeurs, des coutumes, ce qui est une
forme d’enseignement. Bien que cet enseignement ne s’effectue pas dans des
structures comme dans les grand édifices, elle reste une forme d’éducation en
ce sens qu’elle implique l’initiation des jeunes du groupe a l’assimilation des
coutumes et des mœurs sociales ; c’est ce que Emile Durkheim a appelé la
« socialisation » qui a pour but d’aider l’individu a intégrer sa
société en se conformant au valeurs et règles d’ici. Si l’initiation, la
tradition, tout comme le socialisation et l’éducation partagent un même visée,
on peut bien affirmer une civilisation Africaine et aussi parler d’une
éducation précoloniale en Afrique. En d’autres termes, la présence des
traditions et de l’initiation des jeunes
aux coutumes Africaines
justifient bien le fait que l’éducation en Afrique existe bien avant l’invasion
occidentale. A cet effet, il serait absurde de penser avec Hegel que « la
colonisation a fait naitre plus d’humanité chez les nègres »[15].
Ce qui impliquerait que l’éducation a fait sortir les africains de la « pétulance »,
de la « barbarie ». C’est cette même éducation a laquelle marcien
Towa nous a conviée en précisant que l’Afrique devrait se joindre afin de
trouver ce qui fait la supériorité de l’occident sur nous, c'est-à-dire
« le secret de sa puissance »[16].
C’est dans cette logique que l’école occidentale s’impose presque dans tous les
pays africains bousculant l’école ou l’éducation traditionnelle africaine qui
tend à disparaitre, surtout lorsqu’on parle de révolution.
2-
La nécessite de la tradition dans l école moderne en Afrique
« Pour
avoir ceci, il faut renoncer à cela ? » Cette question posée par le
chevalier a M Lacroix dans I’ aventure
ambigüe, semble bien mettre exergue la difficulté rencontrée par l’éducation
africaine en générale et aussi celle du Cameroun en particulier. En effet, si
pour des raisons de développement, il faut intégrer l’éducation occidentale en
Afrique, faut-il réfuter les traditions dans le système éducatif ?
Certes, il est nécessaire de se mettre à
l’école occidentale afin que l’Afrique puisse s’imposer dans le monde et
s’inscrire dans le processus de développement. C’est pourquoi la grande royale
dans l’Aventure Ambigüe affirme
l’importance d’envoyer les enfants a l’école do ‘’blanc’’.Toutefois, il y’a un
grand risque d’aliénation, d’acculturation mais aussi et surtout de perte de
valeurs africaines de la part des jeunes. La grande royale dit « je
n’aime pas l’école étrangère, je la
déteste »[17].
Ainsi le système éducatif, construit sur le modèle occidentale détruira ce qui
fait l’identité de l’africain, sa tradition. C’est pourquoi pour une raison de
nécessité, cette même grande royale
affirme « l’école ou je pousse nos enfants tuera en eux ce qu’aujourd’hui
nous aimons et conservons avec soin à juste titre » En d’autres termes,
l’école étrangère pourrait nous éloigner de l’Afrique, or l’éducation d’un
peuple dépend des attentes, de la civilisation de ce peuple. De ce fait,
élaborer un système éducatif africain qui serait basé sur le modèle occidental
serai reconnaitre que l’Afrique n’a pas
de civilisation. Alors s’éduquer ce n’est plus apprendre à se sentir africain
mais c’est s’occidentaliser. De plus intégrer les valeurs traditionnelles dans l’éducation
permettrait de se développer de manière authentique. C’est ainsi que dans les
programmes scolaires, on peut l’enseignement des contes des fables, des langues
africaines telles que le « swahili », les coutumes propres aux
africains, bref la civilisation doit être enseigné tout en tenant compte des
traditions.
IV- L’apport des tribus et de la
communication orale
Véhiculant un certain nombre de valeurs et
dans une mouvance sémiotique et orale, la tribu et la communication peuvent
permettre l’élaboration d’un système éducatif camerounais. Et la condition sine
qua non d’une telle possibilité est une évaluation critique de nos tribus et un
meilleur usage de notre oralité ; gage d’un discours éducatif vrai.
1- L’apport des tribus
Entendue comme groupement de personne ou
clan vivant sur un territoire déterminé, et doté d’une langue et d’une
organisation sociale spécifique, la prise en compte de la tribu dans
l’élaboration du système éducatif camerounais serait d’une importance capitale
dans la mesure où cette dernière a des éléments particuliers et spécifiques au
Cameroun. Ainsi, le système éducatif camerounais, une fois conçu avec une telle
qualité, avec une approche critique des tribus, sera d’une particularité très
riche. L’attitude critique de nos tribus est à dessein pédagogique et non
diffamatoire car il est question de rentrer dans nos tribus, de les examiner,
de les ébranler et enfin de compte rejeter ce qui est mauvais et conserver ce
qui est bon, et susceptible de construire un système éducatif digne de ce nom.
Cette Marcien Towa l’appelle « l’iconoclasme révolutionnaire ». Elle
souligne ainsi l’apport de la philosophie dans toute entreprise humaine en
générale et en particulier dans celle qui vise à élaborer un système éducatif. Nos
tribus sont faites des éléments tels que la manière de se soigner, de se
nourrir, de travailler, de vivre en famille, de vivre en société, de parler, de
croire (croyance pragmatique) de résoudre les problèmes qui peuvent être pris
en compte dans l’éducation et surtout dans l’élaboration d’un système éducatif.
Grace à la philosophie, un bon élément de nos tribus comme la croyance peut
permettre et améliorer la manière de croire en Dieu. Il est question dans nos
tribus d’être beaucoup plus réaliste et de ne pas se leurrer car il faut bien
croire mais quand la nécessité s’impose, il faut tout de même consulter un
guérisseur pour se soigner comme le fait nos grands parents au village. C’est
cette idée, c’est ce contenu et cette qualité de nos tribus par exemple qu’il
faut prendre en compte dans l’élaboration du système éducatif camerounais et
non pas cet aspect qui vise à aller chez les charlatans faire du mal aux
autres. Rien que pour l’exemple de la croyance, on comprend clairement que la
tribu est incontournable si on veut élaborer le système éducatif camerounais.
Prenons un autre exemple ; celui de la façon de se soigner. Avec nos
tribus il est question de ne plus faire référence aux composés chimiques médicaux
de nos laboratoires pour se soigner mais d’utiliser la nature verte et pure
pour parvenir à la guérison, ce qui accroit la longévité.
2-L’apport de la
communication orale et signalétique
Un
élément phare de la culture camerounaise et africaine susceptible d’être pris
en compte dans l’élaboration du système éducatif camerounais, et qui est très
souvent lésé c’est la communication. Communication qui a versant sémiotique et
un versant orale et même écrit ; ce qui ne nous concerne. Le caractère
écrit de la communication est très souvent valorisé, ce qui n’est que a priori
car l’écrit a cette maladresse de biaiser la pensée. Tout simplement parce
qu’on veut respecter les règles de l’art de l’écriture, nos pensées ne sont pas
émises à travers l’écrit comme elles devraient l’être. C’est donc l’oral et le
signe qui disent véritablement nos pensées ils viennent tout droit de
l’intérieur de la pensée et sortent comme ils sont venus. Alors que l’écrit n’exprime
pas véritablement le contenu de la pensée.si on veut un système éducatif fiable
on doit donc se fier à la communication orale et signalétique. On récent cette
force de l’oralité et du signe dans nos tribus lorsqu’il faut étudier les phénomènes
de la nature et comprendre véritablement le contenu d’un message, de la pensée
de celui qui transmet. Hegel est tout à fait d’accord avec nous lorsqu’il fait
comprendre que « nous n’avons conscience de nos pensées déterminées
et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les
différencions de notre intériorité, et par suite, nous les marquons d’une forme
externe mais d’une forme qui contient aussi le caractère de l’activité la plus
haute »[18]
Par l’oralité et le signe, l’élève pourra véritablement saisir ce que dit
l’enseignant vu que l’enseignement est accompagné d’un ensemble d’élément
factuel. Nos tribus ont donc cette capacité de toucher cet aspect. Nous n’avons
qu’à regarder comment se fait l’agriculture, à quel moment enfouit les graines
au sol ; se sont des signes qui nous les font comprendre et il est
important que les enfants soient éduqués à ce sujet. Nous n’avons qu’à écouter
l’interpellation des tam-tams qui ont une signification forte. Nous n’avons
qu’à se saisir de la franchise et de la vérité du discours qu’un père tient à
son fils. Tout compte fait, le signe et l’oralité qui sont incontournable dans
la formation d’un élève et comme la culture camerounaise les matérialise de
manière effective, alors le système éducatif qui doit être élaboré et appliqué
au Cameroun ne peut donc ne pas s’en défaire.
V- Récapitulatif à vocation systématique
Ce chapitre a l’intention de systématiser
l’éducation au Cameroun tout en prenant en compte tous les éléments de la
culture tel que précédemment examinés. Il est certes vrai qu’on ne saurait se
détaché de la structuration occidentale vu qu’elle répond aux enjeux de la
mondialisation, le plus important, tout en conservant cette structuration
formelle et formaliste c’est d’apporter sa touche particulière. Cela exige une
méthode rigoureuse et un model idéologique qui nous permet de nous affirmer
dans le monde.
1- la méthode
Au regard de la culture camerounaise, au
regard des contes et proverbes, langues, traditions et tribus, on peut déduire qu’il
ya de la matière première susceptible de dresser un système éducatif
camerounais. Le rejet total de l’héritage colonial en matière de système
éducatif serait une erreur. Mais celui de certain élément comme la séparation
radicale entre enseignant et l’enseigné serait la bienvenue. Tout en conservant
cette structuration (primaire secondaire et supérieur), la méthode à appliquer au système éducatif camerounais
nouveau doit être de nature non seulement à affectionner l’éducation, à décrire
la réalité intrinsèque de l’élève et non celle de l’occident, à valoriser son
en soi, à ne plus extrêmement rendre supérieur l’éducateur face à
l’éduqué ; mais aussi à développer en
lui cet esprit de pérennisation des valeurs culturelles camerounaise fondement
même de sa particularité dans le monde. C’est une méthode qui, en conciliant
théorie et pratique, favorise le développement du Cameroun par le Cameroun, une
méthode qui met l’accent sur la parabole dans l’’enseignement. Parabole qui est
très utile dans la communication et surtout dans un contexte concurrentiel.
Notre manière d’appartenir au monde est telle que nous ne sommes plus nous même,
mais les autres, l’occident. Notre système éducatif par nos cultures a donc
cette tache de nous faire appartenir au monde en étant nous même. Et la méthode
qui doit accompagner un tel projet se voudra donc une remise en question, réorientation
et une valorisation de nos cultures.
2- structuration et model
idéologique
Nous avons vu qu’avec les contes et
proverbes, le conteur ou éducateur était au centre et les apprenants
l’entouraient. Nous avons également souligné le caractère archaïque de cet
enseignement qui se faisait habituellement sous l’arbre. Au regard des enjeux
de la modernité, de telles dispositions sont dépassées et reléguées au plan
historique. A cet effet, nous précisons et réaffirmons la nécessité qu’il y-a
de conserver la structuration actuelle en mettant un accent sur la disposition
des tables et bancs, des salles de classe qui doivent avoir une forme sphérique
pour que l’enseignant soit au milieu et les élèves au tour. Une sorte de
disposition passée qui ne se fera plus sous l’arbre mais dans les salles de
classe, plus sur des pierres ou au sol mais sur des tables banc. On dirait une
copie moderne de ce que nos ancêtres ont fait à leur époque. Compte tenu de
cela, le model idéologique du Cameroun pourra transparaitre à travers ses
structures éducatives. Ainsi, l’apprenant camerounais pourra donc incarner et
adhérer aux idéaux de son pays. Cet ensemble d’idée et de croyance, cette force
idéologique camerounaise pourrait être orientée dans la recherche permanente et
inlassable de la science et de ses effets techniques. Bref, de la
technoscience.
Conclusion
En somme rappelons que le problème de
l’apport des éléments culturels dans l’élaboration du système éducatif était au centre de notre
préoccupation centrale dans ce sujet. Nous avons présenté tour tout les
éléments caractéristiques de la culture camerounaise qui étaient entre autre
les contes les coutumes et traditions. Nous avons aussi décrit le dualisme du
système éducatif camerounais qui est un mélange de système français et anglais
et ou le système anglais semble un peu plus complexe que celui anglophone. Nous
avons vu qu’ne appropriation des valeurs tribales pourrait être un atout dans la formulation du système éducatif.
Les langues par exemple pourrait être un moyen de rapprochement des
enseignements vers les apprenants.la tradition aussi pourrait être un avantage
dans la mesure où la transmission des valeurs reste chère aux camerounais. Il a
alors été évident que les lacunes du système actuel résideraient dans la non
prise en considération de ces éléments culturels. D’où la question de l’intégration
de ces valeurs dans les disciplines scolaires.
Bibliographie
-
Patrice
Kayo, Lettre ouverte à un roi Bamiléké,
librairie panafricaine, Yaoundé, 1984
-
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SHERPA, Yaoundé, 2003
-
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Clé, 1961
-
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sur la philosophie de l’histoire, trad. J. Gibelin, vrin, Paris, 1946.
-
Marcien Towa, Essai sur la problématique philosophique dans l’Afrique actuelle,
clé, Yaoundé 1971
-
Cheikh Hamidou Kane, l’aventure ambigüe, éd. Julliard, Paris,
1961
-
Hegel, Encyclopédie des sciences
philosophiques, librairie philosophique J. Vrin, 1987
[1] Patrice
Kayo, Lettre ouverte à un roi Bamiléké,
librairie panafricaine, Yaoundé, 1984.
[3] Patrice Kayo, fables des montagnes, Clé, Yaoundé,
1998.
[4] Alexis
Kagamé, in la philosophie bantoue
rwandaise de l’être, Johnson reprint coopération, université de virginie,
1966.
[5] Nkombe
Oleko, in la philosophie africaine,
volume1, université de virginie, 1977.
[6] Afane
Ze, la fille d’Ebène, chap.
7 « en quête de la vérité », SHERPA, Yaoundé, 2003, P.143.
[7]
Guillaume Oyono Mbia, Trois prétendants
un mari, Yaoundé, éd. Clé, 1961, P.7
[8]
Guillaume Oyono Mbia, Trois prétendants
un mari, Yaoundé, éd. Clé,
1961, P.8
[9] Ibid. P.14
[10] Ibid. P.15
[11] Ibid.
P.18
[12] Henri
Nicod, Mangwloune la danseuse du roi
Njoya, Poitier, éd. Parole écrite, 2002, P.72
[13] Gaston
Paul Effa, MÂ, Paris, grasset, 1996,
P.64
[14] Ibid.
P.81
[15] Hegel, Leçons sur la philosophie de l’histoire,
trad. J. Gibelin, vrin, Paris, 1946.
[16] Marcien
Towa, Essai sur la problématique
philosophique dans l’Afrique actuelle, clé, Yaoundé, 1971, P.39.
[17] Cheikh
Hamidou Kane, l’aventure ambigüe, éd.
Julliard, Paris, 1961, P.89.
[18] Hegel,
Encyclopédie des sciences philosophiques, librairie philosophique J. Vrin,
1987.
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