mardi 30 décembre 2014

L’EGYPTE ANTIQUE ET LA PRATIQUE DE L’ART



L’EGYPTE ANTIQUE ET LA PRATIQUE DE L’ART 

Introduction
       Le mot art a un sens ancien et est toujours usuel dans certaines acceptions notamment la musique, le théâtre, la sculpture, la peinture, l’architecture, la littérature et l’incontournable philosophie qui lui donne un sens beaucoup plus artistique c'est-à-dire relevant de l’esprit que du naturel. L’art était considéré à cette époque comme étant une activité ordonnée en vue d’une fin autre qu’elle-même et dont les pratiques faisaient l’objet d’un apprentissage ou d’un enseignement. De nos jours, on attribut à l’art le concept de généralisation abstraite des beaux-arts entant qu’ils donnent collectivement lieu à une recherche théorique ou philosophique. Dans le langage courant, l’art est considéré comme l’ensemble des connaissances, des techniques nécessaires pour maîtriser une pratique donnée. Le dictionnaire Hachette définit l’art dans son sens étymologique comme une création humaine qui tend à la création d’œuvres exprimant un idéal de beauté, d’harmonie. Ainsi, de toutes les conceptions de l’art, l’époque ancienne est celle qui rejoint la conception Égyptienne qui fait l’objet de notre étude ; laquelle conception nous amène à examiner le problème des caractéristiques de l’art Égyptien. Dès lors, mettre en exergue cette réflexion revient à présenter d’abord l’art dans l’Égypte antique, à travers la mission de l’artiste ainsi que les critères de représentation, ensuite identifier l’art chez Hegel tout en montrant l’aspect architectural et l’aspect de la peinture, enfin à juger de la finalité de l’art sur le plan spirituel et sous l’angle historique.     

I- L’art dans l’Égypte antique
        L'art de l'Égypte antique est caractérisé par une idée d'ordre : des lignes claires et simples, associées à des formes simples et des aplats de couleur. Les artisans utilisaient des lignes perpendiculaires, verticales et horizontales, pour former un quadrillage et donner des proportions correctes à leurs travaux. L'art reflétait l'importance sociale, religieuse et politique. La hauteur des personnages dépendait par exemple de leur rôle dans la société : les plus importants étaient les plus grands.  Le pharaon est ainsi toujours représenté comme le plus grand des hommes ; de même les dieux sont plus ou moins imposants selon qu'ils sont considérés comme plus ou moins puissants. Ils employaient aussi souvent des animaux (oiseau, aigle...). Ils sculptaient dans la pierre les hommes de face et de profil comme : les pieds de profil, la tête de profil, les yeux de face et le corps de profil.    En raison de l'importance de la religion en Egypte antique, la plupart des œuvres d'art représentent des divinités, des pharaons ou des incarnations divines.
1- Mission de l’artiste
       Loin d’être un artiste tout simplement le réalisateur d’une œuvre d’art dans l’Egypte antique est un serviteur de la société Egyptienne. L’artiste est celui là qui accomplit sa tâche d’une manière très consciencieuse. Il est chargé d’assurer une sorte de continuité entre le monde des vivants et l’au-delà en reproduisant la vie quotidienne du défunt au sein même de sa tombe. C’est pourquoi à l’intérieur des tombaux, sont retracés artistiquement, un ensemble de signe qui marque les étapes les plus importants de la vie de celui qui y est couché. Il faut dire que, dès la plus haute époque c'est-à-dire celle qui précède les pyramides, les Egyptiens ont cru en une vie après la mort. Les artistes à cet effet tiennent un rôle important dans l’univers religieux des Egyptiens car leurs ouvrages étaient des symboles descriptifs d’un transit entre la vie sur terre et celle dans l’au-delà. La décoration des temples est infiniment significative et représentative car les artistes obéissent à certaines règles qui sont des critères caractéristiques de l’art Egyptien dont le titre suivant fait l’objet d’analyse.     


2- critères de représentation
       Nombreux sont les critères qui caractérisent l’art Egyptien.  Dans la ronde-bosse c'est-à-dire la sculpture en plein relief le cas du sphinx par exemple, les défunts sont idéalisés tout comme les rois et les dieux, présentés dans une attitude sereine et digne. La loi de frontalité divise le corps en deux parties symétriques; les attitudes se répartissent selon un certain nombre de positions assez strictement définies. La statue est cependant un portrait, souvent sans doute fort ressemblant : elle en quelque sorte fixe l'esprit du défunt et se substituer éventuellement à une momie. Le relief peint, qui a été le genre de prédilection des anciens Egyptiens, obéit lui aussi à certaines règles : la multiplicité des échelles permet de noter l'importance relative des personnages ou de mettre en évidence un détail significatif : les scènes sont figurées selon plusieurs angles de vue conjugués pour que chaque objet apparaisse sous son aspect le plus caractéristique. Les épaules et l'œil des personnages sont présentés de face, tandis que le reste du corps et du visage est vu de profil. Les hommes ont des chairs peintes en rouge, tandis que celles des femmes sont jaunes.
Quelques  grands principes de l’art Egyptien :
 ·  Principe de la combinaison des points de vue : la tête et le bas du corps de profil tandis que l'œil et le torse se présentent de face.
·  Principe de la suppression des masques, par le procédé des coupes (un objet "contenant ", coupé transversalement, révèle son contenu inaccessible à l'œil).
·  Principe du décalage latéral ou du décalage vertical : on fait glisser l'un à côté de l'autre ou l'un au-dessus de l'autre des êtres ou des objets qui, suivant la réalité optique, se masqueraient dans l'espace.
·  Principe de la multiplicité des échelles qui permet de noter la hiérarchie des personnages ou de mettre en valeur tel aspect important d'une scène. Le roi, par exemple, est beaucoup plus grand que ses ennemis ; sur les bas-reliefs, le défunt dépasse par sa stature les gens qui sont à ses ordres.
     L’artiste s’arrange à se que tous les acteurs font quelque chose qui correspond à leur rôle, leur fonction. La jambe en avant, caractéristique de l’art Egyptien signifie la marche, donc la vie : seule la momie, le mort, ne marche pas. Le corps est représenté toujours complet. Ainsi, une main aura toujours cinq doigts visibles. Idem pour les pieds, représentés sur une "ligne de sol", à la manière des enfants.

II- Conception Hégélienne de l’art Egyptien
       Dans introduction à l’esthétique, Hegel définit l’esthétique comme étant « la philosophie, la science du beau, plus précisément du beau artistique à l’exclusion du naturel. » L’exclusion du naturel se justifie par sa réalisation en soi ce qui caractérise l’incomplétude du beau. Or pour Hegel le beau artistique manifeste l’intériorité et l’extériorité, l’en soi et le pour soi. L’art Egyptien ne s’éloigne pas de cette conception dans ses pratiques artistiques les plus connues à savoir la peinture, l’architecture et la sculpture.
                                   1- L’aspect architecto-sculptural
       Présentons tout d’abord la classification des formes d’art que Hegel dresse dans le tome II d’esthétique. Il affirme : « L’art symbolique cherche à réaliser l’union entre la signification interne et la forme extérieure, l’art classique a trouvé cette réalisation dans la représentation de l’individualité substantielle s’adressant à notre sensibilité et l’art romantique essentiellement spirituel l’a dépassé. » Pour être plus précis, il s’agit pour nous de l’art symbolique où se trouve rangé l’art Egyptien et comment Hegel conçoit l’architecture et la sculpture car  l’art symbolique exprime une idée puissante dans une variété de formes qui sont ressenties comme n’étant pas vraiment adéquates à son expression. Autrement dit  L’art symbolique manifeste l’infini dans la forme sensible de la finitude.
       Le caractère architecto-sculptural de l’art Egyptien, est de nature à représenter sous la forme sensible l’esprit absolu. Il s’agit d’une marche dialectique vers l’idéal ; ainsi, de l’architecture ou la sculpture à la musique, la progression est de la matière la plus lourde et compacte à celle qui résiste le moins à l’esprit, qui se fond dans l’intériorité. « Tout art s’exerce sur une matière plus ou moins dense, plus ou moins résistante qu’il s’agit d’apprendre à maîtriser. » tome II L’exemple que prend Hegel à titre illustratif est celui de l’art colossal de l’Egypte : les pyramides. Hegel pense à propos des pyramides que ; Ce qui frappe tout d’abord, à la vue de ces surprenantes constructions, ce sont leurs incommensurables dimensions.  Au point de vue de la forme, elles n’ont rien de captivant ; il suffit de quelques minutes pour en faire le tour et en garder le souvenir. La pyramide a une forme simple, des surfaces planes, de grandeur égale. Elle se laisse réduire à des rapports mathématiques simples. Avec la pyramide, au sens Hégélien, l’esprit se considère lui-même par l’entendement en se réduisant à des rapports mathématiques. La pyramide pour lui est l’œuvre de l’artisan et non de l’artiste (travailleur spirituel). L’art Egyptien à l’exemple des pyramides,  montre la finitude de la matière qui veut exprimer l’infini ; et ne parvient à la faire que de manière plus ou moins gigantesque. Qu’il soit de manière architecturale ou sculpturale, il y-a là plus ou moins de l’exagération dans la représentation. Selon Hegel, les pyramides résument l’image de l’art symbolique lui-même. Celles-ci contiennent quelque chose de caché, une belle enveloppe où l’art s’exprime. C’est l’intériorité. Il est question dans l’art Egyptien d’une représentation symbolique. L'ordre est lié au symbolisme de l'œuvre ; ainsi, les animaux sont des représentations symboliques de divinités, Osiris, le dieu le plus populaire d’Egypte, représente l’homme et son histoire.
       Dans l’art Egyptien, l’absence de liberté, d’éruption de l’esprit, à cause de son caractère a priori enveloppé, fait que les représentations humaines restent sans véritable expression, « sans sérénité, colossale, sérieuse, pétrifiée ». Les bras, les jambes et la tête ne se dégagent pas du corps ; ils sont serrés, sans grâce sans mouvement et sans vie. C’est progressivement que la forme humaine commence à se perfectionner et à prendre un tout autre aspect. L’esprit est dans sa réalisation sensible.
                                                    2- la peinture
La peinture est un type d’art que l’on pourrait classer dans l’art Egyptien qui est un art symbolique dans la classification Hégélienne. Elle partage le même principe dialectique en soi pour soi, intérieur extérieur que les formes précédentes. Sauf qu’elle paraît plus subtile car passant par le relief on transite de la sculpture à la peinture.  La peinture insiste sur la lumière, elle prend appui sur la surface plane qui est faite pour l’œil.  Elle est de l’ordre du romantique dans la chronologie Hégélienne et est utilisée dans l’ordre du symbolique dans l’art de l’Egypte antique. Par conséquent, elle a les mêmes traits représentatifs que la sculpture et l’architecture ; exception faite à la caractéristique  gigantesque vue que le cadre de réalisation est parfois restreint. La peinture pouvait se rapporter à la sculpture ou à l’architecture dans l’art Egyptien dans la mesure où elle se faisait sur des objets sculpturaux et architecturaux à l’instar des pots comme l’on peut voir sur les photos de la dernière page. Lorsque Hegel nous présente la peinture en tant qu’art romantique, c’est dans l’optique d’insister sur les insuffisances de l’image à pouvoir réaliser l’idée de manière complète car l’art romantique, l’intériorité de l’œuvre artistique. L’art chrétien appartient à l’art romantique selon Hegel, notamment via les crucifixions, les martyres et la représentation des souffrances du Christ. Mais en contexte Egyptien, c’est un art symbolique.
III- Finalité de l’art Egyptien
       La production d’un travail artistique dans l’Egypte antique n’était nullement désintéressée. L’ouvrage artistique était destiné à une portée religieuse ou spirituelle et historique.
1- Finalité spirituelle
       La pensée égyptienne avait élaboré tout un système destiné à assurer, sans faute, la vie éternelle : au roi d'abord, puis, avec l'expansion du culte d'Osiris, à tous les hommes. Et c’est par le biais de l’art que cela se faisait.  La vieille manifestation permettant d’assurer l’éternité au mort se faisait comme suit : durant sa vie, on s'affairait à tout mettre en ordre pour que la mort ne fût qu'un passage vers une éternité que l'on préparait à l'image de la vie quotidienne sur terre. L'enveloppe charnelle, le corps, réceptacle invariable des éléments vitaux, devait être préservé de toute corruption : on l'embaumait, on le momifiait, on le garantissait de tout dommage éventuel en le plaçant dans une cuve de pierre, plus tard, dans un sarcophage de bois, à l'intérieur d'une tombe couverte d'une superstructure de pierre, dans l'abri secret d'un caveau souterrain ou au cœur de la chambre funéraire d'un hypogée rupestre. Malgré ces nombreuses précautions, le corps pouvait se dégrader et limiter la survie. La pensée égyptienne rompt à cette pratique par l'institution des principes plus rationnels qui allaient donner à l'art sa raison d'être essentielle.
      La pratique de l’art pour l'art est demeuré longtemps inconnu dans l'Egypte ancienne; toute création avait un but pratique : assurer la prospérité et le triomphe de l'Egypte, procurer la survie des souverains et notables. Le beau n'avait pas valeur en lui-même. L'artiste lui-même était un artisan, au service de cette énorme machinerie d'ordre religieux et funéraire qui caractérisait principalement sa vie sociale. Au service des croyances religieuses et des rites, l'art ne pouvait que procéder du traditionalisme le plus strict.  L'architecture est à destination religieuse ou funéraire; seuls les temples et les tombes étaient construits en matériaux durables comme la pierre, bien que l'on connaisse également quelques palais et forteresses en bois. La peinture représente du point de vue religieux un mode d’emploi de la vie future, un Guide de voyage pratique, qui décrit à l’intention du défunt les dieux qu’il va rencontrer, les dangers auxquels il fera face. La fonction de la peinture Egyptienne n’était pas de décorer, mais d’accompagner le défunt dans l’au-delà. La sculpture, plus symbolique encore et à grande échelle jouait presque le même rôle. Donc,  la peinture et la sculpture fournissent au mort tout ce dont ils vont avoir besoin dans l’au-delà.

2- Finalité historique
  Par sa destination, c'est-à-dire en fonction de son efficience religieuse, l'art égyptien est conçu pour l'éternité. Aussi les monuments sont-ils construits en matériaux durables; les pierres les plus dures sont employées pour la ronde-bosse, les poses utilisées étant d'ordinaire celles qui se rapprochent le plus d'un bloc, pour éviter les risques de cassures; le même souci a peut-être présidé au choix du relief en creux ou en méplat, à l'exclusion du haut-relief. Cette description vise à montrer que ; loin d’être un instrument au service de la religion, l’art Egyptien était également un livre d’histoire à partir duquel pouvait se retracer de manière consécutive les civilisations qu’ont connu l’Egypte. C’est la même histoire artistique de l’Egypte qui nous fait comprendre que : l'Ancien Empire est l'époque des grandes pyramides et de la création du scribe accroupi. Pour la plupart des historiens de l'art, l'apogée de l'art égyptien, atteint alors une perfection inégalée à ce stade là. Les représentations artistiques de la vie d’un pharaon dans son tombaux retraçaient les grands moments des circonstances de son règne. L’art donc a une finalité historique en se sens qu’il marque et représente l’évolution de la vie sociale, politique et religieuse en Egypte.  
       Une remarque mérite être faite c’est que l’artiste ne signait pas ses œuvres. Les quelques artistes qui sont passés à la postérité le sont par des mentions de leur tombe ou de leur matériel funéraire.
Conclusion
       Parvenue au terme de notre analyse où il était question du problème des caractéristiques de l’art Egyptien, une analyse profonde nous a montré que : L'art de l'Égypte antique est caractérisé par un strict respect des canons lies à l’ordre comme ; des lignes claires et simples, associées à des formes simples et des aplats de couleur. Les artisans utilisaient des lignes perpendiculaires, verticales et horizontales, pour former un quadrillage et donner des proportions correctes à leurs travaux. L’artiste par conséquent jouait le rôle d’intermédiaire entre le présent et l’au-delà. Toutefois, Hegel voit en l’art Egyptien ; un art symbolique qui présente encore des imperfections par l’absence de liberté. Mais enfin, la finalité de cet art demeure spirituelle et historique. Elle est tout à fait intéressée.







L’illustration de l’art Egyptien

Ouvrages sculpturaux
Osiris, Musée du Caire... 


http://hda.c-wh.org/image_257.jpg

Les pyramides royales du plateau de Gizeh
- 2500 ans avant JC
plateau de Gizeh (près du Caire)


Ouvrages architecturaux

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/a7/Denderah_cour.jpg/80px-Denderah_cour.jpg                                                   
                                      Colonnes du temple de Dendérah




...
Osiris, Horus et Isis, Musée du Louvre
                                                               La peinture
...
                                                                  Fresque, British Museum
http://hda.c-wh.org/image_256.jpg

Pleureuses - fresque funéraire



http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/f/f3/Egypte_louvre_145_pots.jpg/120px-Egypte_louvre_145_pots.jpg
                           Pots de terre cuite peints (Musée du Louvre)


BIBLIOGRAPHIE
1- esthétique tome II. Livre de poche
2- www.google.cm et Microsoft encarta 2009.

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